Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/249

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cidé sur la mer depuis la bataille d’Actium[1] a tout à fait raison. Mme de Lamoignon étoit accouchée à Bâville d’un fils[2] ; comme on l’envoyoit à Paris, le cocher qui le menoit a versé sur ce grand chemin, et ce pauvre enfant en est mort ; que dites-vous d’avoir ou de n’avoir pas un bon cocher ? Je suis fort aise comme vous de la diversion[3]15 que la goutte fait aux entrailles de M. de Grignan : Dieu conserve le dedans de cette place, et empêche les dehors d’être si terriblement insultés! car tout ce qui s’appelle douleur est bien rude à souffrir : Monsieur le chevalier ne m’en dédira pas. Mandez-moi toujours comme il se porte de son Balaruc, et quand vos états de Languedoc commenceront ; les nôtres commenceront le 20e de ce mois à Rennes. Adieu, chère et très-aimable enfant : ah ! que de tout mon cœur j’irois bien me promener avec vous tous sur cette belle terrasse[4] !

1223. DE MADAME DE LA FAYETTE

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

Paris, le 8e octobre.

Mon style sera laconique : je n’ai point de tête, j’ai eu la fièvre : j’ai chargé M. du Bois de vous le mander. Votre affaire est manquée et sans remède ; l’on y a fait des merveilles de toutes parts ; je doute que M. de Chaulnes en personne l’eût pu faire. Le Roi n’a témoigné nulle répugnance pour M. de Sévigné ; mais il étoit en

  1. 13. Voyez la lettre du 31 août précédent, p. 186. La phrase suivante: «  Mme de Lamoignon, etc., » manque dans l'édition de 1737.
  2. 14. Charles-François, né le a25 septembre 1689, mort le lendemain.
  3. 15. « Vous avez raison d’être bien aise de la diversion, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 16. « Sur votre belle terrasse. » (Édition de 1737)