Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/260

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songe, puisque vous y avez vu le passé. Je garde vos lettres et votre songe à mon fils et à sa femme, qui seront ravis d’y voir vos aimables amitiés[1].

Je ne suis point du tout mal avec M. et Mme de Pontchartrain[2] je les ai vus à Paris depuis que vous êtes partie. Je leur ai écrit à tous deux ; le, mari m’a déjà répondu et à mon fils, très-agréablement. Je n’ai rien du tout de marqué à leur égard car ce n’est pas un crime d’être amie de nos gouverneurs. Je rends au double toutes les amitiés de mon cher Comte, je salue et honore le sage la Garde, je donne un baiser à Pauline, et mon cœur à ma chère bonne. Dieu guérisse Monsieur le chevalier, et que cette lettre vous trouve tous en joie et en santé ! Dites-moi la chambre du chevalier, afin que j’y sois avec vous. L’abbé Bigorre me mande que M. de Niel31 tomba, l’autre jour, dans la chambre du Roi ; il

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  1. 29. La lettre finit ici dans l’édition de 1737, où l’alinéa se termine ainsi : « qui seront ravis de voir les aimables amitiés que vous leur dites. »
  2. 30. Louis Phelipeaux, comte de Ponchartrain, intendant des finances, venait de succéder à le Pelletier, contrôleur général des finances, qui avait demandé la permission de se retirer. Voyez ci-dessus, p. 226, note 28, et la Gazette du 24 septembre. Pontchartrain avait été premier président au parlement de Bretagne. Voyez ci-dessus, p. 68, note 10.
  3. 31. Louis de Nyert ou de Niel, premier valet de chambre du Roi. «  C’êtoit, dit Saint-Simon (tome XVII, p. 215 et 216), un des plus méchants singes, auquel il ressembloit fort, et des plus gratuitement dangereux qu’il y eût parmi ce qu’on pouvoit appeler les affranchis du feu Roi, qui, par leurs entrées à toute heure et leur familiarité avec lui, étoient des personnages fort comptés et redoutables aux ministres mêmes. Celui-ci l’amusoit aux dépens de tout le monde avec le jugement d’un valet d’esprit et d’expérience. Aussi l’avarice l’envie et la haine étoient peintes sur son visage décharné. Il étoit fils d’un excellent musicien, dont la voix et le luth étoient admirables. Le singe qui a donné lieu à cet article avoit attrapé le petit gouvernement de Limoges et celui des Tuileries, lequel passa à son-fils avec sa charge de premier valet de chambre. » Louis de