Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/277

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ma fille, il a soixante et dix-neuf ans ; un esprit n’est-il point au-dessous de la barre[1] à cet âge ? Le pauvre bon abbé me dit qu’oui ; feu Monsieur d’Arles me dit que non[2]. Ainsi nous devons croire qu’étant choisi, il tiendra encore fort bien cette grande place. Pour moi, je croirois[3] comme Patrix, que ce n’est pas la peine de s’habiller en pape, non plus que de se rhabiller au retour d’une grande maladie qu’il eut à cet âge[4]. Mme de Chaulnes aura peur qu’on ne laisse là son mari[5], tout porté pour le prochain conclave.

Parlons de cette duchesse : voici un petit secret, vous allez l’aimer. Il faut avant toutes choses que vous croyiez[6] que s’ils avoient pu, ils auroient été ravis de donner la députation à mon fils : il n’est pas difficile de croire[7]qu’ils l’auroient mieux aimé que M. de Coetlogon. Il ne faut pas s’imaginer aussi qu’ils aient pu parler pour ce dernier, comme vous dites tous par exagération, ayant

    et honorée dans le temps de la première ambassade de son mari (en 1667); et il étendit même ses honnêtetés jusqu’à lui en demander aussi de Mlle de Murinais, aujourd’hui marquise de Kerman-Maillé, parente de la duchesse, qu’il avoit vue avec elle, et pour laquelle il avoit conservé beaucoup d’estime. »(Mémoires de Coulanges,p. 95.)

  1. 20. Barre, « pièce de bois transversale qui soutient les fonds d’un tonneau par le milieu. Le vin diminue beaucoup de bonté quand il est au-dessous de la barre du tonneau. Figurément, être au-dessous de la barre, au-dessous du niveau. » (Dictionnaire de M. Littré.)
  2. 21. Mme de Sévigné cite l’exemple de l’abbé de Coulanges, son oncle, mort le 23 août 1687, âgé de quatre-vingts ans; et celui de Monsieur d’Arles, oncle de M. de Grignan, mort le 9 mars 1689, âgé de quatre-vingt-six ans, pour en conclure que l’esprit de ceux qui arrivent aux environs de quatre-vingts ans baisse plus sensiblement dans les uns que dans les autres. (Note de Perrin.)
  3. 22. « Je penserois. » (Édition de 1754.)
  4. 23. « Qu’eut Patrix à cet âge. » (Ibidem,) Voyez tome V, p. 355 et 356.
  5. 24. « Qu’on ne laisse à Rome son mari. » (Édition de 1754.)
  6. 25. « 11 faut qu’avant toutes choses vous croyiez, etc. » (Ibidem.)
  7. 26. « On peut croire aisément, »(Ibidem.)