Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/279

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ne point ravauder sur cette députation. Mme de Chaulnes continue de m’écrire que ce qui est différé n’est pas perdu ; que mon fils est jeune; que bien des gens ont demandé dix ans, quinze ans, celte place, et que c’est son affaire, sans me rien dire des mille écus. Je m’en vais cependant lui en dire un mot, puisque Mme de la Fayette m’a dit ce secre[1]; mais cette duchesse vouloit les mettre entre les mains de Beaulieu, afin que je les trouvasse tombés du ciel : tout cela ne m’a point tentée, ni dérangée; car ce sont ces manières qui me presseroient plus de m’acquitter que tous les sergents du monde. Je dis une vérité sur le malheur d’avoir des dettes : ceux qui nous pressent, sont pressants ceux qui ne nous pressent point, le sont encore davantage.

Voilà un long discours; mais j’ai voulu vous le confier à vous seule, pour vous faire voir[2] le fond du. sac, et d’elle, et de moi, et comme il est difficile de n’avoir pas bonne opinion du cœur d’une personne toute naturelle, qui songe à moi avec tant de suite et d’amitié[3]; je vous conjure de ne point parler de tout ceci, cela nuiroit à l’avenir Mes amies de Paris sont bien contentes des procédés de cette duchesse voilà comme vont les choses de ce monde, et comme on juge quelquefois sans avoir vu les pièces justificatives[4] Je souhaite, ma chère enfant, que vous n’ayez point d’ennui de lire tous ces détails; car j’avoue que j’aurois peine à m’en corriger, prenant un extrême plaisir à vous les conter. Je finis en vous embrassant avec une tendresse unique en son es- (Édition de 1754.)

  1. 32. « m'a confié ce secret.  »(Edition de 1754.)
  2. 33. « Voilà un long discours, mais j’ai voulu vous faire voir, etc. » (Ibidem.)
  3. 34- Cette fin de la phrase « je vous conjure, etc., » manque dans l’édition de 1754.
  4. 35. La seconde partie de cette phrase : « voilà comme vont, etc., » n'est pas dans l'édition de 1754.