Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/283

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mon sentiment sur ce qu’il me mande, et je ne lui ferai • qu’une légère mention de cet article dans ma réponse. Disons un mot de Mme Reinié;11 quelle Furie! ne crûtes-vous point qu’elle étoit morte, et que son esprit et toutes ses paroles vous revenoient persécuter, comme quand elle étoit en vie? Pour moi, j’aurois eu une frayeur extrême, et j’aurois fait le signe de la croix; mais je crains qu’il ne Mie autre chose pour la chasser. Comment fait-on cent cinquante lieues pour demander de l’argent à une personne qui meurt d’envie d’en donner, et qui en envoie quand elle peut? Nulle personne arrivée à Grignan ne pouvoit tant m’étonner que celle-là; j’en fis un cri. Vous faites bien cependant de ne la pas maltraiter, vous êtes toute raisonnable; mais comment vous serez-vous tirée de ses pattes, et de ces inondations de paroles, où l’on se trouve noyée, abîmée?

Je suis fort aise d’être instruite sur Balaruc; je l’ai vu sur la carte. C’est une chose bien triste que Monsieur le chevalier ne soit point soulagé, et que sa maladie ait gâté tout le bien que vous pensiez d’abord que les eaux avoient fait je suis très-sensible à ce malheur. Ces eaux sont d’une grande violence; je n’y voudrois confier aucun de mes membres, d’autant mieux que je n’ai plus aucun mal à mes mains. Je ne sais plus où se sont cachés tous ces petits maux extravagants je crois quelquefois qu’il y a de la trahison, tant je suis parfaite sur le sujet de la santé. Je vous trouverai bien à plaindre, quand vous vous séparerez tous ce sera vraiment alors que vous voudriez n’avoir eu pour compagnie que Mme Reinié, et une autre que j’avoue qui m’est insupportable aux yeux, tout comme à vous. Mais vous m’avertissez quelquefois de ne dire certaines choses qu’aux échos; vraiment je me garii. Marchande de Paris. (Note de Perrin.)

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