Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/285

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mouille, et M. de Pômmereuil. » Enfin, la voilà : j’ai cru que ce petit récit ne la brouilleroit pas avec vous. Pour mon fils, Monsieur le maréchal n’a pas voulu le laisser venir ; il est le seul[1] avec qui il cause de toutes choses. Il est au désespoir que mon fils ne soit pas député il avoit une sincère envie de faire ce plaisir à Mme de la Fayette et à nous[2]. Il n’aime guère le choix de M. de Cavoie, intime ami de M. de Seignelai : vous voyez le reste.

Nos états furent ouverts samedi 22è : ce fut une foule, une presse, une confusion ; mais enfin le maréchal parla fort bien, mieux qu’on ne pensoit le premier président, de communi martyrum[3] ; M. de Pômmereuil fort vivement à sa mode, moins bien que Fieubet et de Harlay[4]qui enlevoient par la beauté de leurs harangues ; et dans toutes, des merveilles de M. le duc de Chaulnes[5], et de cette exaltation arrivée le même jour tout à propos[6]. Le lendemain, M. de Pommereuil demanda trois millions pour le Roi ; ils furent accordés sur-le-champ, quoiqu’en vérité on ne sache pas trop bien où les prendre avec le conflit de M. d'Harouys[7] ; mais enfin, pour la bonne grâce au moins, il ne s’y peut rien ajouter. Après avoir vu ces bons commencements, Revel est parti pour re-

  1. 18. « C’est le seul.  » (Édition de 1754.)
  2. 19. « De nous faire ce plaisir, et à Mme de la Fayette, qui l’en avoit prié. »(Ibidem.)
  3. 20. « Comme le commun des martyrs. »
  4. 21. Commissaires du Roi aux états de Bretagne, les années précédentes.
  5. 22. « Et dans toutes il fut dit des merveilles, etc. (Édition de 1754.)
  6. 23. Il parait que la nouvelle était arrivée en Bretagne le 22 octobre, le même jour que la Gazette l’annonçait à Paris : voyez ci-dessus, p. 274 note 1. -- Pour le don gratuit des trois millions, dont il est parlé dans la phrase suivante, voyez p. 268, note 3.
  7. 24. L’ancien trésorier des états, dont la déroute récente avait dû désorganiser bien des fortunes en Bretagne.