Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lettre je suis plus aise que jamais de lui avoir dit librement mon sentiment sur son abdication[1]. Il s’étoit vanté de l’approbation de Mme de Vins ; mais elle me mande qu’il lui a caché cette résolution, croyant bien qu’elle l’improuveroit à cause de M. de Grignan, et plusieurs choses encore sur ce ton : c’est donc ainsi que Mme de Vins et M. de Pompone l’approuvent. Vous ne m’avez point appris cette réponse du Roi, dont vous étiez si curieuse ; pour moi, je ne me dédis point de tout ce que j’ai dit sur ce sujet.

On dit[2] que la première chose que M. de Chaulnes a faite le lendemain de l’exaltation, c’a été de rendre Avignon. Mon Dieu ! ma fille, que cette pensée me trouble et me touche ! c’est ma seule peine, et elle ne peut être mieux fondée que sur l’état où vous allez être. Quand je pense et parle[3] sur ce sujet, ce sont mes véritables affaires, je n’en connois point d’autres. Mais[4] il faut épargner cette amertume dans les lettres, elle ne feroit que renouveler celle de votre cœur : cela échappe quelquefois. On dit que M. de Lorraine va mettre ses troupes en quartier d’hiver : nous en ferons autant ; et si cela est, vous reverrez bientôt votre cher enfant ; je vous souhaite cette consolation.

La prise de Bonn, et la mort du baron d’Àsfeld [5] a

  1. 9. Voyez la lettre précédente, p. 275 et 276.
  2. 10. « On assure. » (Édition de 1754.)
  3. 11. « Mon Dieu ! ma fille, que cette pensée me touche et me trouble ! c’est une peine qui ne peut être mieux fondée que sur l’état où cette circonstance vous jette. Quand je réfléchis et parle, etc. » (Ibidem.)
  4. 12, Cette phrase manque dans l’édition de 1737.
  5. name=p285>13. Frère aîné du maréchal et de l’abbé d’Asfeld. Il commandoit dans Bonn, où il fit une très-vigoureuse défense ; il y soutint un assaut où.il fut blessé à mort ; il se rendit le l2 d’octobre, et fit une capitulation honorable après vingt-sept jours de tranchée ouverte, et un blocus de plus de trois mois, pendant lequel les ennemis avoient ruiné cette ville par le canon et par les bombes avant que de l’assiéger