Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/294

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à sentir les pluies; mais comme il y a encore de beaux rayons de soleil, j’en profite avec plaisir, parce que ce terrain est aussi sec et aussi agréable que celui de notre pauvre Livry : ainsi je me promènerai souvent. Le commencement de votre lettre, ma fille, dit de grandes choses en peu de mots Ottobon, pape; le Comtat, rendu; le Roi et M. de Chaulnes[1], triomphants; et Mme de Grignan, ruinée : voilà l’endroit qui me fait bien du mal, et qui n’est que trop sensible à mon cœur[2]; il faudra tâcher de mettre au moins une espérance à la place de cette solide consolation que Sa Majesté vous avoit donnée. Si le temps d’y travailler étoit à la fin de l’année qui vient, et que vous y vinssiez tous deux[3], ce seroit bien mon compte, car la chevalerie se feroit en même temps[4]. Mais je ne comprends point la pensée de M. de Grignan, seul à Pâques ; j’entends mieux celle de revenir passer l’hiver à Grignan, après l’assemblée, malgré la bise, qui devient plus intraitable en ce temps-là ; cela s’accommoderoit du moins avec la santé de Monsieur le chevalier et avec vos affaires. Enfin, ma belle, vous êtes tous sages, votre conciliabule est assemblé, vous prendrez les bonnes résolutions : il faut s’en fier à de si bonnes têtes. J’ai grande envie que Monsieur d’Arles vous ait dit ses raisons je veux aussi-qu’il voie ma lettre[5]nous sommes en assez bon ménage pour que je puisse lui dire mon sentiment sur un sujet dont il me parle le premier : ne lui laissez point mettre, je vous prie, Mme de Vins au nombre de ceux qu’il a consultés, et qui l’approuvent.

  1. 4. Dans l’édition de 1737 : « et Mme de Chaulnes. »
  2. 5. Ce membre de phrase « et qui n’est, etc., » manque dans l’impression de 1737.
  3. 6. « Et que vous vinssiez tous deux à Paris. » (Édition de 1754.)
  4. 7. Toute la suite de l’alinéa manque encore dans l’impression de 1737.
  5. 8. La lettre du 26 octobre précédent, p. 275 et 276.