je vous souhaiterai toutes sortes de dégoûts[1]dans votre Provence, et je louerai et admirerai ceux qui par leur industrie sauront vous mettre au rang des autres. Je ne veux plus parler : pourquoi aussi me faites-vous dire ce que je pense ? C’est à vous, au moins, à qui je me fie[2]; car ailleurs je ne trouve rien de si joli que de savoir ainsi mettre les grands à la raison. M. de la Rochefoucauld et M. de la Feuillade ne me feroient pas mon procès sur ce que je pense là-dessus [3]
Parlons de nos états. Le Saint-Esprit vint dans une valise, dit frà Paolo[4], au concile de Trente ; la députation est venue par une lettre de cachet à Monsieur de Rennes : ces voitures sont également extraordinaires. M. le maréchal d’Estrées ne veut pas que mon fils le quitte d’un moment[5] : il ne connoît que lui, il ne parle qu’à lui, il fait ses visites avec lui ; enfin il connoit si peu la Bretagne, que s’il n’y avoit trouvé qu’un commensal de la marquise d’Uxelles[6], il auroit été dans le dernier embarras. Il fait une chère épouvantable, ce maréchal ; il surpasse M. de Chaulnes :ce sont deux tables de dix
- ↑ 26. « Toute sorte de dégoûts. » (Édition de 1754)
- ↑ 27. « C’est à vous, au moins, que je me fie. » (Ibidem.)
- ↑ 28. La Rochefoucauld, le fils de l’auteur des Maximes, et la Feuillade étaient, comme l’on sait, deux courtisans des plus empressés et des plus soumis.
- ↑ 29. Pietro Sarpi, dit frà Paolo, de l’ordre des Servîtes, né à; Venise en 1551, mort en 1623. Il est surtout connu par une Histoire du Concile da Trente (Historia del Concilio Tridentino), qui parut d’abord sous le nom de Pietro Soave Polano, anagramme de Paolo Sarpi Veneto (Londres, 1619). Vers la fin du livre VII de l’Histoire des Variations, Bossuet dit de frà Paolo qu’il n’est « »pas tant l’historien que l’ennemi déclaré » du concile, et il le nomme « un protestant habillé en moine. »
- ↑ 30. « Le quitte un moment. » (Édition de 1737.)
- ↑ 31. « Que s’il n’avoit trouvé un commensal de la marquise d’Uxelles. » (Éditions de 1787 et de 1754.)
