Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/313

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quinquina fera demeurer tout court ce brave sang : Dieu le veuille ! il est bien difficile à dompter.

Dites-moi donc ce que vous avez fait de Mme Reinié : parle-t-elle encore ? avec quoi l’avez-vous fait taire[1] ? Je ne veux point me lâcher la bride à vous parler de mon amitié tendre et sensible, de tout l’intérêt vif que je prends à ce qui vous touche près ou loin : vous savez comme tout cela se trouve naturellement dans le premier rang de ce qui m’est cher et précieux, et bien au-dessus[2] de mes petites affaires, qui me paroissent de l’hysope en comparaison de vos grands cèdres. Le moyen de ne pas sentir tout ce que vous me dites sur ce voyage de Paris, dont vous enviez la proposition à mes amies[3]  ? J’étois bien forte pour leur résister, quand vous étiez à Grignan : si vous aviez été à Paris, il n’eût pas été besoin de leurs offres ; vous auriez rompu[4] toutes mes mesures, je le sens; mais les ayant si bien prises sur les vôtres, il n’étoit pas aisé de me déranger. Voilà, ma chère enfant, de quoi je m’entretiens, et de quoi je subsiste, et de quoi je ne veux pas[5] vous parler, et dont je parle, en vous regardant comme la douceur et la consolation de la fin de ma vie ; Dieu et sa providence sur tout. On me mande la mort du bon évéque de Nîmes[6], si bon et si honnête homme : voilà encore

  1. 3. Voyez la lettre du 26 octobre précédent, p. 277. -- Cette phrase manque dans l’édition de 1737.
  2. 4. « …..de tout l’intérêt que je prends à ce qui vous touche de près ou de loin : comme tout cela se trouve naturellement dans lé premier rang de ce qui m’est cher et précieux, je le mets bien au-dessus, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 5. Voyez la lettre du 12 octobre précédent, p. 251.
  4. 6. « Vous rompiez, » (Édition de 1754.)
  5. 7. « Je ne voulois pas. » (Ibidem.)
  6. 8. « De l’évêque de Nîmes.» (Ibidem.) -- Voyez la lettre du 13 novembre 1687, tome VIII, p. 129, note 2.