donc tellement en Provence pour moi, que je ne voudrois pas être cette année autre part qu’ici. Ce mot, d’être l'hiver aux Rochers, effraye : hélas! ma fille, c’est la plus douce chose du monde ; je ris quelquefois, et je dis « C’est donc cela qu’on appelle[1] passer l’hiver dans des bois? » Mme de Coulanges me disoit l’autre jour « Quittez vos humides Rochers ; » je lui répondis « Humide vous-même : c’est Brevannes[2] qui est humide ; mais nous sommes sur une hauteur ; c’est comme si vous disiez, votre humide Montmartre. » Ces bois sont présentement tout pénétrés du soleil, quand il en fait ; un terrain sec, et une place Madame[3] où le midi est à plomb et un bout d’une grande allée où le couchant fait des merveilles ; et quand il pleut, une bonne chambre avec un grand feu ; souvent deux tables de jeu, comme présentement ; il y a bien du monde, qui ne m’incommode point : je fais mes volontés et quand il n’y a personne, nous sommes encore mieux, car nous lisons avec un plaisir que nous préférons à tout. Mme de Marbeuf nous est bonne[4] : elle entre dans tous nos goûts mais nous ne l’aurons pas toujours. Voilà une idée que j’ai voulu vous donner, afin que votre amitié soit en repos.
Ma belle-fille est charmée de tout ce que vous dites d’elle, dont je ne lui fais point un secret : que ne dit-elle point de douceurs et de remerciements des louanges que vous lui donnez[5] ? J’en donne beaucoup à l’amitié que
- ↑ 18. C’est donc là ce qu’on appelle. » (Édition de 1754.)
- ↑ 19. Mme de Coulanges y avait une petite maison de campagne. Voyez tome VIII, p. 254, note 10.
- ↑ 20. Voyez la lettre du 17 juin 1685, tome VII, p. 408 et 409.
- ↑ 21. « Nous est fort bonne. » (Édition de 1754)
- ↑ 22. « Je ne lui en fais point un secret, et il n’y a point de douceurs et de remerciements qu’elle ne vous rende pour les louanges que vous lui donnez. » (Ibidem.)