Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

̃ maman[1]? Ne vous trouvez-vous pas trop heureuse de la voir, de la regarder, de l’écouter, de l’entendre? tous ces mots ont des degrés. Je ne sais, ma belle, où est M. de Grignan, ni vous, ni Monsieur le chevalier. Vous m’avez parlé d’un voyage à Lambesc ; l’air de la petite vérole me déplaît toujours. Faites mes amitiés, comme vous le pourrez ; recevez celles de mon fils ; sa femme ne vous veut écrire que quand vous aurez permission[2] de vendre votre compagnie ; elle va au solide ; elle est ravie de votre amitié et de votre approbation. Mme de Marbeuf est -encore ici, et l’abbé Charrier : cette compagnie est justement comme il nous la faut ; ils vous font cent mille compliments[3]. Nous avons de beaux jours, nous nous promenons ;j’ai votre casaque que j’aime, qui me fait honneur et profit : on l’admire, on la loue : c’est un présent de ma fille. Ne vous représentez point que je sois dans un bois obscur et solitaire, avec un hibou sur ma tête : ce n’est point ce qu’on pense ; rien ne se passe plus insensiblement[4] qu’un hiver à la campagne : cela n’est affreux que de loin. Ma santé est toujours admirable ; parlez-moi de la vôtre en détail.

1241. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN. Aux Rochers, mercredi 7è décembre.

JE vous l’ai mandé, ma chère enfant, ni le mois de novembre ni le mois de décembre ne sont point difficiles

  1. 15. « Mais n’adorez-vous point votre aimable et chère maman ? » (Édition de 1754.)
  2. 16. « Que quand vous aurez la permission. » (Ibidem.)
  3. 17. Ce membre de phrase : « ils vous font, etc., » n’est pas dans l’édition de 1737.
  4. 18. « Si insensiblement. » (Édition de 1754.)