Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

colonel, vous fasse plus de peur pour moi, que de l'être d'un capitaine de cavalerie : votre tendresse a trp loin, ma chère Comtesse ; j'ai plus de courage que vos, et je voudrais l'être d'un colonel bien marié[1]; quand il devrait avoir un enfant au bout de l'an, j'en serais ravie ; il faut accoutumer son imagination à tout ce qu'il y a de pis: il y a sur ce sujet certains endroits dans vos lettres qui sont si tendres, si naturels[2], que j'en suis touchée d'une sensible reconnaissance, et d'une tendresse qu'il n'est pas bien aisé de vous représenter : il faut dire, comme vous dites quelquefois, Dieu le sait. Je vous ai parlé de Mme de Coulanges ; mais je n'ai pas si bien dit que vous. Il est vrai que les indulgences ne doivent plus manquer à ce péché de Mme de Coulanges[3] : elle fera de ce nouvel ami[4] tout ce qu'on en peut faire, et ce sera pendant quelque temps la meilleure pièce de son sac ; mais je vous rends vos paroles, elle est mon amie, vous le savez bien, et vous ne me trahirez pas.Mme de la Fayette me mande que Mme de Coulanges est tout à fait dans la bonne voie, et que quand son fils sera marié, elle tâchera de s'y mettre aussi[5]. Mandez-moi, ma chère comtesse, comme[6] vous vous accommoderez de passer l'hiver dans votre château, sur votre montagne, avec votre ouragan : cela fait frémir.

  1. 16. « D'un colonel marié. » (Édition de 1754.)
  2. 17. « Il y a sur ce sujet dans vos lettres certains endroits si tendres et si naturels. » (Ibidem.)
  3. 18. L'abbé Gobelin dit, après une confession générale que Mme de Coulanges lui avait faite : « chaque péché de cette dame est une épigramme. » (Mme de Caylus, tomo LXVI, p.415)
  4. 19. Le pape Alexandre VIII . Voyez la lettre du 27 novembre précédent, p. 330 -- Dans l'édition de 1737 : « de ce nouvel ami, Alexandre VIII »
  5. 20. « Et qu'elle tâchera de s'y mettre aussi, quand son fils sera marié. » (Édition de 1754.)
  6. 21. « Comment. » (Ibidem.)