Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/353

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M. de Grignan aura grand regret à la douce société de Mme d’Oppède[1] Pour moi, je suis tout doucement terre à terre dans ces bois ; je suis quelquefois huit jours sans sortir de mon appartement : quand il pleut, quand il fait un vent de tempête, je ne songe pas à sortir ; quand il fait beau[2], on est comme en été par la beauté du terrain ; depuis deux jours, le soleil est chaud et brille partout ; il fait doux : voilà le temps où je me promène ; vous approuveriez[3] ma conduite, n’est-ce pas tout dire ?

Nous avons eu depuis trois semaines une bonne et commode compagnie : c’est l’abbé Charrier et Mme de Marbeuf. Ils s’en vont demain ; ils

vous font encore mille et mille compliments :j’eusse bien voulu que vous eussiez répondu aux premiers : ; mais vous ne pensiez pas qu’ils dussent être si longtemps ici. Le jeu réjouit toute une maison je crains bien que le vôtre ne vous ait coûté de l’argent, et à M. de Grignan, par la connoissance que j’ai de votre malheur.

J’ai été surprise que votre Provence ait tant augmenté son présent au Roi[4] : quand M. de Grignan entra dans sa charge elle ne donnoit que cent mille écus ; elle a donné cinq cent mille francs dès la première année. On nous a envoyé de Paris un édit du Roi pour la tontine[5]26. Sa Ma-





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  1. 22. « N… Marin, mariée en 1674 à Jean-Baptiste de Forbin-Meynier, marquis d’Oppède, président au parlement de Provence. (Note de l’édition de 1818.) Voyez la lettre du 3 janvier 1689, tome VIII, p. 373 et note 4. -- Cette phrase n’est pas dans l’édition de 1737.
  2. 23. «…… sans sortir de mon appartement : je n’y songe pas quand il pleut, quand il fait un vent de tempête et quand il fait beau, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 22- « Enfin vous approuveriez, etc. » (Ibidem.)
  4. 25. L’assemblée de Lambesc vota le 15 novembre une somme de huit cent mille livres pour le don gratuit de 1690.
  5. 26. On lit dans le Journal de Dangeau,. au 1er décembre 1689 ; « On a publié et imprimé l’édit du Roi portant création de quatorze cent mille livres de rentes viagères sur l’hôtel de ville de Paris, qui