de certaines supputations ; mais il avoue qu’il ne la sent point du tout, ni au corps, ni à l’esprit; et je vous avoue à mon tour[1] que je me trouve quasi comme lui, et que ce n’est que par réflexion que je me fais justice[2]. Je suis plus en peine de votre santé que de la mienne. D’où vient, ma chère enfant, que vous avez des coliques qui vous obligent à garder le lit ? vous n’étiez point si mal à Paris ; ces eaux dont Pauline a fait usage cet été[3], ne vous seroient-elles point bonnes? J’ai ouï dire à Bourdelot[4] que les eaux de Forges, et des rafraîchissements qui font couler sont cent fois plus salutaires que les remèdes chauds, qui épaississent le sang, et mettent du chaud sur de la chaleur. Voilà des réflexions dont vous vous, moquerez peut-être ; mais songez-y, vous qui raisonnez mieux que les médecins ; songez aussi au café : ne croiriez-vous point qu’il vous fût contraire ? c’est ce que mon amitié et mon ignorance, qui n’a pour elle que l’expérience, vous présentent.
Je suis fort aise que Monsieur le chevalier vous demeure cet hiver ; vous avez besoin de cette consolation. Ce n’est pas parce qu’il voit mes lettres : c’est un goût de malade ; ce n’est donc point pour lui faire ma cour ; mais il a fait précisément de ces cent mille francs ce qu’il en devoit faire : c’étoit l’intention des fondateurs, de lui donner le moyen de pousser sa fortune, et de faire un bon usage des dispositions qu’il avoit pour la guerre. Il a rempli tous ses devoirs de ce côté, et pour la réputation au delà de ce qu’on pouvoit souhaiter : cela soit dit sans
- ↑ 8. « Mais il assure qu’il ne la sent point du tout….. et je vous assure à mon tour, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 9. Voyez la lettre du 30 novembre précédent p. 334.
- ↑ 10. « Que Pauline a prises cet été. » (Édition de 1754.) -- Ce sont les eaux de Vals : voyez ci-dessus, p. 116 et 117.
- ↑ 11. Voyez tome II, p. 516, note 3 ; et tome IV, p. 262, note 17.
