Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/391

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aise de lire cette relation, et sa femme encore plus ; j’en remercie le prieur de Saint-Jean[1], et vous, ma très-chère enfant.

II y avait encore dans le même paquet une lettre du marquis, qui nous a paru trop jolie ; mon fils et ma belle-fille le voùloiént baiser, le vouloient embrasser, et surtout le voir recevoir votre permission d’aller à Paris ; car nous ne croyons pas possible [2]qu’on le puisse refuser : son style tout naturel, tout jeune, sans art, un peu répété par la grande envie d’obtenir ; toutes ses petites raisons rangées sans exagération, mais mises simplement dans leur jour et dans leur place ; ce que disent ses amis sur sa demeure à Kelsersloutre[3] ; cette envie si juste et si naturelle de venir un peu montrer un colonel de dix-huit ans ; et tout cela soumis, d’une manière touchante, à tout ce qu’il vous plaira d’en ordonner[4] nous a fait venir les larmes aux yeux d’amitié et de tendresse pour ce pauvre petit garçon[5], et nous a paru la plus éloquente chose du monde. Mais ce qui est solidement bon, c’est cette assurance qu’il vous donne, qu’il préférera toujours[6] la gloire à ses plaisirs ; que s’il y avoit la moindre

  1. 11. L’abbé Viani, prieur de l’église de Saint-Jean, à Aix. (note de Perrin, 1754.)
  2. 12. « Mon fils et sa femme le vouloient baiser, le vouloient embrasser ils souhaitoient surtout qu’il reçût votre permission d’aller à Paris ; nous ne croyons pas possible, etc. » (Édition de 1754.) Le texte de 1737 est conforme au manuscrit si ce n’est qu’il donne deux fois voudroient, au lieu de voulaient.
  3. 13. Dans le manuscrit Kesesloutre, ce qui est probablement la véritable orthographe de Mme de Sévigné. Perrin (1754) écrit ici Keizersloutre.
  4. 14. «  A ce qu’il vous plaira d’en ordonner. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  5. 15. « Pour ce petit garçon. » (Ibidem.)
  6. 16. « qu’il nous donne, de préférer toujours, etc. » (Édition de 1754.)