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êtes trop aimable, il ne faut pas compter juste avec vous.

1253. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN

Aux Rochers, dimanche 8è janvier.

C’EST entre vos mains, ma chère enfant, que mes lettres deviennent de l’or quand elles sortent des miennes, je les trouve si grosses et si pleines de paroles, que je dis «Ma fille n’aura pas le temps de lire tout cela; » mais vous ne me rassurez que trop, et je ne crois pas que je doive croire[1] en conscience tout ce que vous m’en dites. Enfin prenez-y garde : de telles louanges et de telles approbations sont dangereuses; je vous assure[2] au moins que je les aime mieux que celles de tout le reste du monde. Mais raccommodons-nous, il me semble que nous sommes un peu brouillées : j’ai dit que vous aviez lu superficiellement les petites Lettres[3] je m’en repens ; elles sont belles, et trop dignes de vous, pour avoir douté que vous ne les eussiez toutes lues avec application[4]. Vous m’offensez aussi en croyant que je n’ai pas lu les Imaginaires[5] c’est moi qui vous les prêtai ; ah! qu’elles sont jolies et justes !je les ai lues et relues, ma chère

  1. LETTRE 1253.-- 1. « Et je ne pense pas que je doive croire. » (Édition de 1754.)
  2. 2. « Je ne vous cacherai pas. » (Ibidem.)
  3. 3. Voyez la lettre du 1l décembre précédent, p. 367.
  4. 4. «  Pour que vous ne les ayez pas toutes lues avec application,  » (Édition de 1754.)
  5. 5. Ces lettres sont de Nicole les dix premières sont intitulées les Imaginaires, dont la première est datée du 24 janvier 1664, et les huit dernières, particulièrement dirigées contre Desmarets de SaintSorlin, ont pour titre Les Visionnaires; elles furent réunies en deux volumes, en 1667. Racine y a répondu par deux lettres qu’où trouve dans ses OEuvres.