Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/411

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sez : il ne m’écrit point, ce goût nous est passé ; je sais de ses nouvelles, et comme j’ai assez d’écritures, nous sommes convenus de ce silence, sans préjudice de notre amitié prescrite ; vous savez qu’on ne s’en peut dédire.

Pour les santés délicates, elles méritent qu’on y prenne confiance ; je vous avoue sincèrement qu’après les états où j’ai vu Mlle de Méri, je la crois immortelle; et qu’ayant confiance à la sagesse et à l’application[1] de Mme de la Fayette pour la conservation de sa personne, il me semble qu’elle sortira toujours de tous ses maux : Dieu le veuille ! c’est une aimable amie, et bien digne d’être aimée et estimée[2]. Parlons de ma santé :c’est celle-là qui vous fait trembler ; Dieu me la donne jusqu’à présent d’une perfection qui me surprend moi-même, et qui me feroit peur, si je m’observois autant que vous m’observez. J’étois avant-hier dans ces belles allées ; il y faisoit beau comme au mois de septembre ; je ne perds pas ces beaux jours. Quand le temps commence à changer, je demeure dans ma chambre : voilà sur quoi je ne suis plus la même ; car autrefois c’étoit un sot vœu de sortir tous les jours. Je crains le départ[3] de Monsieur le chevalier et de M. de la Garde. Expliquez-moi un peu plus comme on a retranché à ce dernier sa pension[4]; cesse-t-on de payer sans dire pourquoi ? un pauvre homme, accoutumé à cette douceur, demeure-t-il à sec sans qu’on lui dise un mot ? Je suis incommode ; mais il y a des choses sur quoi il faut un peu d’explication. Notre[5]

  1. 16. « Et qu’attendu la sagesse et l’application, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 17. « Et bien digne qu’on l’aime et qu’on l’estime. (Ibidem.)
  3. 18. « la même ; autrefois c’étoit un sot vœu. Je crains déjà le départ, etc. » (Ibidem.)
  4. 19. « Comme on a retranché la pension de ce dernier. » (Ibidem.)
  5. 20. Cette phrase manque tout entière dans l’édition de 1737. Sur le président de Berbisy, voyez tome IV, p. 294, note 1.