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vous écriviez que votre belle-sœur étoit allée faire un diable ou un ange en allant faire prendre l’habit à une de ses cousines ? Laissons les choses comme elles sont ne parlons ni d’ange, ni de diable ; les anges sont fort bien au ciel, le diable est aussi fort bien où il doit être. Laissons en paix de pauvres personnes qui font pénitence de notre malice à tous.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE ET A LA COMTESSE DE GRIGNAN.

Voilà justement comme la chose s’est passée : on m’enlève ma plume, on me la rend, et je n’ai quasi plus qu’à vous embrasser de tout mon cœur, à vous remercier toujours des amitiés que je trouve dans vos lettres si aimables et si naturelles. Je n’ai point fait d’injustice à votre cœur, j’en sais le prix et la perfection, et si je vous ai donné un moment de chagrin, vous devez me le pardonner. Vous me paroissez changée pour M. du Plessis[1]; mandez-moi pourquoi, car je ne trouve point qu’il ait fait d’autre sottise que celle de se marier : c’est une chose qui ne se communique point, et qui ne l’empêcheroit pas de bien élever votre second fils [2] : démêlez-moi donc ce qui vous fait changer d’avis cela tireroit à conséquence pour Mme de Vins. Le pauvre abbé de Pile est mort dans votre pays[3] : il étoit allé prendre des eaux de Digne, pour des vapeurs qui n’étoient pas guérissables.

  1. 15. Il avoit été de l’Oratoire, avant que de prendre soin de l’éducation du marquis de Grignan. Mme de Vins avoit jeté les yeux sur lui pour celle de son fils. Voyez la lettre du 18 septembre 1689, p. 212. (Note de Perrin.)
  2. 16 Voyez la Notice, p. 228, note 3.
  3. 17. Ceci ne peut s’appliquer, comme le suppose Grouvelle à cet abbé de Piles dont il est parlé au tome VI, p. 65, note 7, car ce dernier ne mourut qu’en 1709 il s’agit sans doute ici du bon abbé du Pile voyez tome VII, p. 276 et note 2.