Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/47

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bien loin ; Dieu le conserve ! vous ne doutez pas du ton, ma chère enfant.[1]!

Je ne pense pas que vous ayez le courage d’obéir à votre père Lanterne : voudriez-vous ne pas donner le plaisir à Pauline, qui a bien de l’esprit, d’en faire quelque usage, en lisant les belles comédies de Corneille [2], et Polyeucte, et Cinna, et les autres? N’avoir de la dévotion que ce retranchement, sans y être portée par la grâce de Dieu, me paroit être bottée à cru : il n’y a point de liaison ni de conformité avec tout le reste. Je ne vois point que M. et Mme de Pompone en usent ainsi avec Félicité [3]à qui ils font apprendre l’italien et tout ce qui sert à former l’esprit : je suis assurée qu’elle étudiera et expliquera ces belles pièces dont je viens de vous parler[4] Ils ont élevé Mme de Vins de la même manière, et ils ne laisseront pas [5]d’apprendre parfaitement bien à leur fille comme il faut être chrétienne, ce que c’est que d’être chrétienne, et toute la beauté et solide sainteté de notre religion[6] voilà tout ce que je vous en dirai. Pour moi, je crois que c’est votre exemple qui fait haïr les histoires à Pauline; car elles sont bien amusantes : je me trouve fort bien de la Vie du duc d’Épernon par un nommé Girard[7]; elle n’est pas nouvelle ;

  1. 2 « Dieu le conserve! je suis persuadée que vous ne doutez pas du ton. » (Édition de 1754.) Voyez plus haut, p. 9, 36 et 40.
  2. 3. « Les belles pièces. » (Édition de 1754.)
  3. 4. Voyez la lettre de Mme de Grignan du 7 août 1696. Dans l’impression de 1754 « qui apprend l’italien. »
  4. 5. « Les beaux ouvrages dont il s’agit. » (Édition de 1754.)
  5. 6. « Et ne laisseront pas. » [Ibidem.)
  6. 7. « Et toute la beauté et la solide sainteté de notre religion. » (Édition de 1754.) Le petit membre de phrase qui vient après ne se trouve pas dans l’édition de 1787, et les mots Pour moi, qui commencent la phrase suivante, ne sont pas dans celle de 1754.
  7. 8. « à Pauline ; elles sont, ce me semble, fort amusantes : je me