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127O. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN, A PAULINE ET AU CHEVALIER DE GRIGNAN, ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Àux Rochers, mars 1690.[1]

TouT ce que vous mandez de Pauline achève d’entêter mon fils. Il est charmé de cette petite imagination qui la fait retenir et dérober si finement ce qu’elle vous entend dire. Vous disiez qu’elle avoit un esprit qui dèroboit tout[2]  : elle ne sauroit mieux faire ; voila le cas où le vol est permis. Elle a entendu M. de Vendôme, chez M. de Seignelai[3], parler de la poutargue[4], et se saisit ainsi

  1. LETTRE 1270 (revue sur une ancienne copie). -- 1.. Cette lettre, qui pourrait bien être incomplète, ne se trouve que dans notre manuscrit. Elle a paru pour la première fois dans le recueil de Lettres inédites publié en 1827, et a été rattachée par erreur, après l’apostille de Charles de Sévigné(voyez ci-dessus, p 467 à 469), à la lettre du 19 février 1690. On verra par plusieurs des notes qui vont suivre, qu’elle n’a pu être écrite à cette date, mais seulement près d’un mois plus tard, très-probablement entre le dimanche de la Passion et le dimanche des Rameaux, qui tombaient en 1690 au 12 et au 19 mars (voyez plus bas la note 19). Une nouvelle collation du manuscrit, qui comme on le verra est plein de fautes en cet endroit et de négligences, nous a fourni pour le texte un assez grand nombre de rectifications.
  2. 2. Voyez la lettre du 16 octobre 1689, ci-dessus, p. 259.
  3. 3. Le duc de Vendôme était venu en Provence dans l’année 1681 (voyez la Notice, p. 256). Seignelai y était-il allé dans ce temps-là ? Mme de Grignan était alors à Paris, mais elle n’avait pas emmené sa fille. On pourrait donc à la rigueur, si un voyage de Seignelai a coïncidé avec le séjour de Vendôme, supposer que Pauline les a entendus causer. Cependant, comme elle n’était âgée que de six à sept ans, en 1681, il nous parait bien plus probable qu’il s’agit ici de quelque vanterie de petite fille, ou que Pauline avait retenu et qu’elle répétait, comme l’ayant entendu elle-même, un récit fait par sa mère.
  4. 4. Par une altération qu’on s’explique aisément, le manuscrit, et,