Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/496

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ce jour, je me gronde, je me fais froid, je ne veux plus me promener seule, je me trouve indigne de ma confiance, et n’ai trouvé de consolation qu’à vous prier de me raccommoder avec moi, en disant à cet aimable abbé de quelle manière je l’oublie, et de quelle manière je me souviens de lui. Voilà ce que j’avois à vous dire, en vous conseillant d’en faire votre ami plutôt que votre rival, et de m’aimer toujours autant que je vous aime, si vous le pouvez.

1272. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

[Aux Rochers,….… avril 1690 [1] 1.]

JE reviens à vos dévotions, à votre beau et magnifique chapitre[2] :je serois fort sensible à cette sainte et solide grandeur ; et puisqu’il est fait, il le faut préférer à dix mille livres de rente. C’est une grande distinction ; je voudrois bien avoir été à vos ténèbres ; j’ai très-bonne opinion de la musique de M. de Grignan. Celles de Saint-Pierre[3] furent fort simples.

Vous m’expliquez fort agréablement cette amitié que

  1. LETTRE 1272 (revue sur une ancienne copie). -- 1. Cette lettre ou ce fragment de lettre, qui est sans date dans le manuscrit, et a été placée par erreur au mois d’octobre 1690 dans l’édition de 1827, est très-probablement de la semaine de Quasimodo (qui commença cette année le 2 avril). Elle répond à une lettre où Mme de Grignan avait parlé à sa mère des dévotions de la semaine sainte, et la nouvelle qu’y donne Mme de Sévigné du départ du nouveau cardinal se trouve dans le Journal de Dangeau dès le 30 mars (voyez la note 7).
  2. 2. Le chapitre de Saint-Sauveur de l’église collégiale de Grignan a été fondé en 1512, par Gaucher Adhémar de Monteil, baron de Grignan. (Note de l’édition de 1827.)
  3. 3. La cathédrale de Rennes. Cette petite phrase a été omise dans l’édition de 1827. Il y a dans le manuscrit celle, au singulier, et furent fort simples, au pluriel.