Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/53

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le carrosse de l’évêque ;il n’y avoit qu’une lieue à faire. Je vins chez mon fils changer de chemise et me rafraîchir, et de là souper à l’hôtel de Chaulnes, où le souper étoit trop grand [1] J’y trouvai la bonne marquise de Marbeuf, chez qui je revins coucher, et où je suis logée, comme une vraie princesse de Tarente, dans une belle chambre meublée d’un beau velours rouge cramoisi, ornée comme à Paris, un bon lit où j’ai dormi admirablement, une bonne femme qui est ravie de m’avoir, une bonne amie qui a des sentiments [2] dont vous seriez contente. Me voilà plantée pour quelques jours ; car ma belle-fille regarde les Rochers du coin de l’œil, comme moi[3] mourant d’envie d’aller s’y reposer; elle ne peut soutenir longtemps l’agitation que donne l’arrivée de Mme de Chaulnes. Nous prendrons notre temps; je l’ai trouvée toujours fort vive, fort jolie, m’aimant beaucoup, fort charmée de vous9. « M'aimant beaucoup, charmée de vous etc. (Ibidem) » et de M. de Grignan : elle a un goût pour lui qui nous fait rire[4] Mon fils est toujours aimable, et me paroit fort aise de me voir; « il est fort joli de sa personne[5] : une santé parfaite, vif et de l’esprit; il m’a fort parlé de vous[6]et de votre enfant, qu’il aime ; il a trouvé des gens qui lui en ont dit des biens dont il a été touché et surpris 13. « On lui en a dit des biens dont il est touché et surpris » car il a comme nous l’idée d’un petit marmot, et tout ce qu’on en dit est solide et sé_

  1. 6. Ce dernier membre de phrase : «  où le souper , etc n'est pas dans l'édition de 1754.» 
  2. 7. Des sentiments pour nous (Edition de 1754)
  3. 8. ma belle-fille regarde, comme moi, les Rochers du coin de l'oeil, (Ibidem.)
  4. 10. Mme de Sévigné, belle-fille, n'avait jamais vu M. de Grignan. (Note de Perrin.)
  5. 11. Il est joli de sa personne. » (Edition de 1754)
  6. 12. « Il m'a beaucoup parlé de vous. » (Ibidem.)