Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/533

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Marly, où il y avoit vingt-quatre femmes. Si vous demandez à Mademoiselle d’où vient ce changement, elle vous dira que la princésse d’Harcourt[1] les y faisoit aller, parce qu’elle avoit besoin de M. de Lamoignon; mais dans la vérité, c’est que ce sont des grâces gratuites, qu’on donne quand on veut, et à quoi on ne veut pas s’assujettir. Pour Mme de Coetquen, elle n’est plus du tout des parties de Marly; on dit qu’elle a témoigné trop de chaleur pour M. de Schomberg[2] . Voilà, ma bonne, ce qu’on m’a mandé, que je ne garantis point. M. du Bois ira à Brevannes[3]. Je doute que cette journée toute remontée, qui ôte tout le commerce de manger et de causer les soirs, puisse plaire à Mme de Coulanges. Il y aura encore un peu du vieil homme dans la solidité de cette partie ; nous verrons. Pour moi, j’ai toujours cru que quand Mme de Coulanges comprendroit la fin de la fable de la Fontaine, que j’appliquai si follement à Paris, elle seroit toute une autre personne. Voici la fin :

Tous les amants, Après avoir aimé vingt ans n’ont-ils pas quitté leurs maîtresses ? Ils l’ont tous fait. --S’il est ainsi, Et que nul de leurs cris n’ait nos têtes rompues, Si tant de belles se sont tues, Que ne vous taisez-vous aussi[4]

Cette folie vous fit rire. Je la crois parfaitement en cet état : c’est ce qui me donne bonne opinion d’elle.

  1. 6. Dans l’autographe, on lit: « la princesse dacourt (sic). »
  2. 7. Qui combattait en ce temps-là contre Jacques II en Irlande.
  3. 8. Chez Mme de. Coulanges. Voyez tome VIII, p. 254, note 10
  4. 9. Parodie de ces vers de la Fontaine (livre X, fable XIII, la Lionne et l’Ourse) Tous les enfants Qui .sont passés entre vos dents N’avoient-ils ni père ni mère ? Ils en avoient. -- S’il est ainsi, Et qu’aucun de leur mort n’ait nos têtes rompues,