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der au Dieu des batailles, qui sera le Dieu de la paix quand il lui plaira. C’est toujours là-haut que je consulte l’avenir, et que je tâche d’y conformer mes désirs. Adieu, mon cher cousin ; adieu, mon aimable nièce.

1296. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A DU PLESSIS.

Aux Rochers, dimanche 20è août.

J’ai envie de commencer ma lettre comme vous me commencez la vôtre, et de vous dire que je vous écrirois trop souvent si je le faisois toutes les fois que je pense à vous. Vous ne sauriez croire, mon cher Monsieur, combien je suis touchée des sujets de chagrin qui ont noirci votre joie naturelle, et la gaieté et la vivacité de votre belle jeunesse. C’est un meurtre que d’avoir chassé tout cela de chez vous, la joie étant faite pour votre tempérament, et je vous ai vu courir plusieurs fois aux lieux où vos amis avoient le don de vous ôter votre tristesse, comme une chose inalliable et incompatible avec votre santé. Vous avez fait connoissance malgré vous avec tous les ennemis de votre repos ; malgré vous ils sont entrés en commerce, ils se sont introduits dans votre esprit : voilà le plus grand mal que vous ait fait tout ce qui vous est arrivé. Je ne doute point que vous ne fussiez consolé de me conter tous ces malheurs où la Providence vous a condamné. De mon côté, je serois ravie d’en savoir la suite et le détail, et par quels chemins vous avez été conduit à ce qui vous paroissoit un bien ; car ce n’est ja-

    dau, non loin de la rive gauche du Rhin, et l’électeur de Bavière avec son armée campait à Dourlach, près de la rive droite. Voyez le même numéro de la Gazette.