Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/580

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gons et de toute la bataille de Fleuras[1] ? Je m’en prenois à vous, et voulois que vous en fissiez des reproches. Vous m’en faites de trop injustes sur la longueur de mon voyage : croyez-vous, de par tous les diantres ! qu’on demeure ici par plaisir ? taisez-vous et m’admirez plutôt que de me gronder.

Notre petit marquis est avec Saint-Ruth[2] ; s’il avoit été avec M. Catinat, il auroit vu une belle action[3]. Ce beau régiment de Grignan est destiné à des marches bien longues et à des oisivetés fâcheuses. Dieu sur tout ! Adieu, mon très-cher Monsieur votre lettre étoit la plus jolie" du monde, et d’un style où j’ai reconnu votre gaieté ordinaire, que je trouvois un peu diminuée, et c’est ce qui m’affligeoit. Tâchez, mon ami, de retrouver votre belle humeur[4] et votre aimable esprit.

Suscription Paris: A Monsieur Monsieur du Plessis,

  1. 3. Voyez la lettre du 20 août précédent, p. 563. Dans l’autographe Flerus : voyez ci-dessus, p. 555, note 1 .
  2. 4. Voyez tome II, p. 198, note 8, et tome VIII, p. 407, note 10. Le nom propre Saint-Ruth, dont la lecture est assez difficile dans l’original, mais cependant ne peut laisser aucun doute (il y a comme en un seul mot Strut), a été remplacé, dans l’édition de 182o0, par le nom de « M. de Boufflers,  » sous qui le marquis de Grignan avait servi quelque temps auparavant, mais avec qui il n’était plus alors. Nous avons vu dans une lettre antérieure, adressée comme celle-ci à du Plessis (p. 564) qu’il était dans l’armée de Savoie. La Gazette du 2 septembre nous apprend que vers le milieu d’août, au moment même où se livrait la bataille de Staffarde, Saint-Ruth, entre les mains de qui les habitants du plat pays de Savoie venaient de prêter le serment de fidélité, marchait vers le Chablais et la Tarentaise; et la Gazette du 16 septembre, après avoir dit qu’il est entré dans la Tarentaise, ajoute « Il a fait marcher les régiments de cavalerie de Varenne et de Grignan, et le régiment d’infanterie de Gerzey, pour passer en Piémont. »
  3. 5. La bataille de Staffarde.
  4. 6. Mme de Sévigné avait d’abord mis: « gayeté, » qu’elle a ensuite effacé, pour écrire au-dessus, dans l’interligne « belle humeur. »