Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/583

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avoue que j’en ai eu d’abord un instant; mais je vous nie, ma chère cousine, qu’il vous ait paru. Le refus de ce que je demandois fut accompagné de si bonnes excuses, et de si bonnes raisons de ne pouvoir faire ce que je demandois, que ces manières me parurent des grâces qui tireroient à conséquence, et en effet on n’en demeura pas là, et on passa jusqu’aux promesses de faire quelque autre chose qui me remplaceroit ce que je demandois. Ainsi, ma chère cousine, j’étois content du Roi quand je vous écrivis, et, comme je vous ai déjà dit, ce fut la chose que j’ayois demandée et que je n’avois pas eue, et non pas mes paroles, qui vous firent croire que j’étois fâché. Si vous n’avez pas .brùié ma lettre, vous pouvez voir que je dis vrai.

C’est du prince d’Orange encore plus que de Lauzun qu’on peut dire : Je l’ai vu vif, je l’ai vu mort, je l’ai vu vif après sa mort 2; mais enfin voilà qui est fait, on n’en doute plus et tous les parieurs pour sa vie3 ont perdu.

Si Monseigneur n’a donné bataille à son beau-frère4, il n’en est pas loin nous attendons à toute heure la nouvelle de quelque grande action de ce côté-là. Catinat vient d’en faire une belle contre Monsieur de Savoie ; il mettra la robe en honneur’.

2. Voyez au tome VIII, p. 451, la lettre du 2 février 1689.

3. Tel est le texte de la copie autographe de Bussy. Les éditions antérieures ont substitué mort à vie. 4. L’électeur de Bavière. On écrivait du camp d’Endingen, le 10 septembre, que les électeurs de Bavière et de Saxe étaient venus camper à Etlingen, « pour aller, suivant le bruit commun, chercher l’armée françoise. » (Gazette du 16 septembre.)

5. Catinat, fils et frère de conseillers au parlement de Paris, avait été d’abord avocat.