Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/590

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et surtout pour nous autres gens de[1] rhumatisme, c’est-à-dire gens d’arrière-saison, en un mot qui avons cinquante ans passés[2]. Je voudrois bien m’aller chauffer avec vous auprès de la belle Comtesse. II y a vingt ans que j’aurois dit dans un madrigal : m’ aller chauffer a ses yeux, ou si vous voulez, brûler a ses yeux je ne dis plus aujourd’hui que m’aller chauffer à son soleil. Ce n’est pas qu’elle me trouvât encore de rhumatisme dans la tête :j’ai toujours une tète de Provence, mais cela ne regarde que l’agrément des conversations.

Au reste, ma chère cousine, je ne suis pas surpris que vous ayez été bien reçue à Grignan. Il n’y a personne au monde qui ne fût ravi de passer sa vie avec vous, et par-dessus cela, vous êtes une bonne mère, aussi vive et aussi agréable qu’une sœur le pourroit être.

Vous avez fort bien fait de m’avertir de votre changement de pays ; je vous aurois écrit aux Rochers, on auroit renvoyé la lettre à Paris pour la mettre à la poste de Provence, et avant qu’elle y fût arrivée, vous seriez revenue à Paris: voyez combien votre avis nous sauvera de temps. Vous m’avez un peu fait attendre votre réponse, ma chère cousine : vous pouviez m’écrire des Rochers que vous alliez à Grignan ; mais, vous avez voulu finement cacher votre marche.

Pour revenir maintenant à la mort de M. de Seignelai, je ne sais que vous en dire, vous m’avez tout pris ; cependant j’ajouterai qu’il a donné deux cent mille francs par testament à sa femme, et cent mille écus à son dernier fils[3]

  1. LETTRE 1306. -- 1.. Une autre main que celle de Bussy a changé, dans notre manuscrit, de en à.
  2. 2. Bussy avait alors soixante-douze ans et demi, étant né le 13 avril 1618, et Mme de Sévigné soixante-quatre ans et neuf mois, étant née le 5 février 1626.
  3. 3. Théodore-Alexandre Colbert, comte de Ligni, né en 1690, mort en 1695