Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/596

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peut, à Paris. Il a été mené quatre ou cinq jours fort rudement de la colique et de la fièvre continue, avec deux redoublements par jour ; cette maladie alloit beau train, si elle n’avoit été arrêtée par les miracles ordinaires du quinquina ; mais n’oubliez pas qu’il a été aussi bon pour la colique que pour la fièvre ; il faut donc se remettre. Nous n’irons à Aix qu’un moment pour voir la petite religieuse de Grignan[1], et dans peu de jours nous serons pour tout l’hiver à Grignan, où le petit colonel, qui a son régiment à Valence et aux environs, viendra passer six semaines avec nous. Hélas! tout ce temps ne passera que trop vite ; je commence à soupirer douloureusement de le voir courir avec tant de rapidité : j’en vois et j’en sens les conséquences. Vous n’en êtes pas encore, mon jeune cousin[2], à de si tristes réflexions.

J’ai voulu vous écrire sur la mort de M. de Seignelai : quelle mort ! quelle perte pour sa famille et pour ses amis ! On me mande que sa femme est inconsolable, et qu’on parle de vendre Sceaux à M. le duc du Maine[3] O mon Dieu, que de choses à dire sur un si grand sujet ! Mais que dites-vous de sa dépouille sur un homme que l’on croyoit déjà tout établi [4] ? Autre sujet de conversa-

  1. 3. Marie-Blanche d’Adhémar, religieuse aux Filles de Sainte-Marie. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 4. Coulanges avait cinquante-sept ans et trois mois, étant né le 23 août 1633 : voyez la fin de sa lettre à la marquise d’Uxelles du 2 octobre 1709.
  3. 5. Le château de Sceaux, bâti par Colbert, passa en effet au duc du Maine(en 1700). La duchesse sa femme y tint une cour brillante.
  4. 6. On lit dans le Journal de Dangeau, au 6 novembre 1690 « Au sortir du conseil des dépêches, le Roi donna à M. de Pontchartrain (alors contrôleur général des finances) la place de ministre et la charge de secrétaire d’Etat qu’avoit M. de Seignelai, avec la marine et les pierreries. M. de Louvois a les haras, quelques manufactures qu’il n’avoit pas, et les fortifications du dedans du royaume qu’avoit M. de Seignelai et pour cela, M. de Louvois donne à M. de Pontchartrain