Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/60

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M. de Chaulnes, ils enfoncent leurs chapeaux avec les deux mains, et se gardent bien de le saluer. On leur a dit qu’il ne faut pas branler ni aller et venir quand ils sont dans leurs rangs[1]; ils se laissoient rouer l’autre jour par le carrosse de Mme de Chaulnes, sans vouloir se retirer d’un seul pas, quoi qu’on pût leur dire. Enfin, ma fille, nos bas Bretons sont étranges : je ne sais comme faisoit Bertrand du Guesclin pour les avoir rendus en son temps les meilleurs soldats de France. Expédions la Bretagne : j’aime passionnément Mlle Descartes[2] ; elle vous adore ; vous ne l’avez point assez vue à Paris. Elle[3]. m’a conté qu’elle vous avoit écrit qu’avec le respect qu’elle devait à son oncle, le bleu étoit une couleur[4], et mille choses encore sur votre fils : cela n’est-il point joli ? Elle me doit montrer votre réponse. Voilà une manière d’impromptu qu’elle fit l’autre jour ; mandez-moi si vous ne le trouvez point joli[5] pour moi, il me plaît fort, il est naturel et point commun.

Votre marquis est tout aimable, tout parfait, tout appliqué à ses devoirs c’est un homme. Je trouve ici sa réputation tout établie, j’en suis surprise : enfin, Dieu le conserve ! vous ne doutez pas de mon ton. Ah! que’ vous êtes plaisante de l’imagination que Mme de Roche-

  1. 3. «  On leur a dit qu'ils ne devaient point saluer ; et le moment d'après, quand ils étaiernt désarmés, s'ils voyaient passer M. de Chaulnes, ils enfonçaient leurs chapeaux avec leur deux mains, et se gardaient bien de le saluer. On leu a dit que lorsqu'ils sont dans leurs rangs ils ne doivent aller ni à droite ni à gauche. » (Edition de 1754.)
  2. 4. Voyez tome VI, .60, note 22
  3. 5. Cette phrase et la suivante, jusqu'à : « voilà une manière, etc. » manquent dans l'impression de 1737
  4. 6. Voyez tome V, p. 367 la fin de la note 32
  5. 7. «  Mandez-moi ce que vous en pensez.  » (Édition de 1754.) Il y a dans le Recueil de chansons choisies de Coulanges (tome I, p. 203-205, édition de 1698) deux petites pièces de vers de Mlle Descartes, l’une en deux, l’autre en trois couplets.