Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/65

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Chaulnes s’en va dans une heure pour aller l’attendre à Îl Saint-Malo ils n’ont pas voulu que nous soyons partis 1 plus tôt. Nous avons été quinze jours ici par pure complaisance pour moi, je suis tellement accablée de visites et de devoirs, que de bonne foi je n’en puis plus. J’ai un véritable besoin de me reposer et de me taire dans ces aimables bois des Rochers; j’y serai ce soir, et n’en abuserai point, car je songe toujours à vous plaire1. Nous soupâmes tous hier chez Monsieur de Rennes; ce sont des festins; c’est ici le pays de la bonne chère et de la bonne viande bien piquée, comme le pays du beurre de la Prévalaie2. Je suis chargée* de mille et cent mille amitiés de M. et de Mme de Chaulnes; ils vous auroient écrit tous deux, sans qu’ils sont accablés. Mme de Chaulnes avoit les grosses larmes aux yeux, en me disant adieu avec un gosier serré « Au moins mandez à la belle Comtesse4 que je vous laisse en bonne santé. » C’est en vérité une très-aimable amie, et qui s’acquitte divinement de tous les personnages que la Providence lui fait faire. Il y a six semaines que je suis avec elle, il y a six semaines qu’elle ne songe qu’à me conserver, à meménager, et à me donner des marques de son amitié, sans aucune contrainte. Mme de Kerman est partie pour sa basse Bretagne; c’est une des personnes du monde qui a le plus de bonnes qualités vous l’aimeriez si vous la connoissiez.Mme de Marbeuf est fâchée de me quitter, quoique je sois une partie du jour sur ses bras; mais elle Lettbe 1180. r. La fin de la phrase, depuis « j’y serai ce soir, etc., n manque dans l’édition de 1737.

a. Ancienne commune, aujourd’hui annexée à Rennes. 3. Dans l’édition de Ï7S4 on lit seulement ï -AI* et Mme de Chaulnes vous auroient écrit tous deux, etc. »

4. or Mme de Chaulnes m’a dit avec les grosses larmes aux yeux et un gosier serré œ Mandez au moins à la belle Comtesse, etc. » (Édition .de 1764.)

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