Page:Sadi Carnot - Reflexions sur la puissance motrice du feu, 1824.djvu/34

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sure de recommencer une opération entièrement semblable à la première et ainsi de suite : ce serait là, non seulement le mouvement perpétuel, mais une création indéfinie de force motrice sans consommation ni de calorique ni de quelque autre agent que ce soit. Une semblable création est tout-à-fait contraire aux idées reçues jusqu’à présent, aux lois de la mécanique et de la saine physique ; elle est inadmissible[1]. On doit donc conclure que le

  1. On objectera peut-être ici que le mouvement perpétuel, démontré impossible par les seules actions mécaniques, ne l’est peut-être pas lorsqu’on emploie l’influence soit de la chaleur, soit de l’électricité ; mais peut-on concevoir les phénomènes de la chaleur et de l’électricité comme dus à autre chose qu’à des mouvemens quelconques de corps, et comme tels ne doivent-ils pas être soumis aux lois générales de la mécanique ? Ne sait-on pas d’ailleurs à posteriori que toutes les tentatives faites pour produire le mouvement perpétuel par quelque moyen que ce soit ont été infructueuses ? Que l’on n’est jamais parvenu à produire un mouvement véritablement perpétuel, c’est-à-dire un mouvement qui se continuât toujours sans altération dans les corps mis en œuvre pour le réaliser ?

    L’on a regardé quelquefois l’appareil électromoteur (la pile de Volta) comme capable de produire le mouvement perpétuel ; on a cherché à réaliser cette idée en construisant des piles sèches, prétendues inaltérables. Mais, quoi que l’on ait pu faire, l’appareil a toujours