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PRÉFACE.

simples aux plus compliquées. Cela peut suffire quand il s’agit de sciences entièrement faites ou du moins très-avancées. L’édifice peut alors être construit de toutes pièces dans un dessein bien arrêté. La géométrie nous en offre un exemple ; nous l’apprenons sans avoir trop besoin de savoir où s’arrêtaient les connaissances d’Archimède, quel fut le bagage d’Euclide, ce que nous devons aux Arabes, ce qui revient à Pascal, à Descartes, aux modernes. Mais la plupart des sciences sont plus indécises ; leur enseignement comporte des connaissances incomplètes, des récits de découvertes partielles, des aperçus à demi lumineux ; à travers ces incertitudes, nous ne pouvons faire que des conjectures sur le plan de l’œuvre totale. L’ordre qu’on établit est donc artificiel, et il est bien difficile qu’il s’impose assez nettement à notre esprit pour lui être d’un grand secours ; dès lors nous nous trouvons en face d’un amas confus de vérités, sans trop savoir quelles sont celles qui présentent le plus d’importance, sans avoir de point fixe auquel nous puissions nous attacher.

Que si, à l’ordre purement logique, on vient substituer l’ordre historique, tout se classe et s’éclaire ; l’élève comprend alors les efforts successifs de l’esprit humain, et voit, au milieu des tentatives avortées, naître les germes heureux que doit féconder l’avenir. En étudiant successivement les systèmes qui se sont écroulés les uns sur les autres, il comprend la raison de certaines traces que ces