Page:Saint-Amant - 1907.djvu/295

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poème n’a jamais vu le jour ; une pareille déduction, toute logique qu’elle puisse être, irait à l’encontre de la rcalilc ; , car la Lune parlante existe et nous allons la présenter au lecteur.

Le Saint-Amant de 1661 n’était plus le joyeux compagnon de jadis. Est-ce l’âge, est-ce la religion qui avait transformé ses mœurs ? Nous ne sommes pas fixés k cet égard, mais il est certain que la pauvreté, sinon la misère, s’était installée chez le poète. Sa muse endormie ne se réveillait que pour louer quelque puissance du jour dont le nom se trouvait mêlé à un événement important. En 1658, son idylle héroïque « la Généreuse » est dédiée à la Princesse Palatine, sœur de la reine Marie-Louise de Pologne, dont il chante la bravoure au combat de Varsovie. En 1660, la « Suspension d’Armes » n’est qu’un prétexte pour faire l’éloge de Hugues de Lyonne, commandeur des Ordres et secrétaire d’État, l’utile auxiliaire de Mazarin dans les négociations de la paix de 1659 entre la France et l’Espagne. Une occasion, plus tentante encore, paraissait s’offrir en 1661. La jeune reine Marie-Thérèse allait donner un héritier à la couronne de France, le moment n’était-il pas tout indiqué pour célébrer par avance l’heureux père ? Ce fut l’avis de Saint-Amant, qui s’empressa de composer une pièce de circonstance sous le titre suivant :

La Lune Parlante || poème nocturne || de || Saint-Amant || au Roy || à Paris || Chez Charles de Sercy