Page:Saint-Amant - 1907.djvu/85

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          Bien que leur corps en sue ;
Et mille chiens, oyant sa triste voix,
     Lui répondent à longs abois.

     Ces tons, ensemble confondus,
          Font des accords funèbres,
     Dont les accents sont épandus
          En l’horreur des ténèbres,
Que le silence abandonne à ce bruit
     Qui l’épouvante et le détruit.

     Lugubre courier du Destin.
          Effroi des âmes lâches,
     Qui si souvent, soir et matin,
          M’éveilles et me fâches,
Va faire ailleurs, engeance de démon,
     Ton vain et tragique sermon.

     Tu ne me saurais empêcher
          D’aller voir ma Sylvie,
     Dussé-je, pour un bien si cher,
          Perdre aujourd’hui la vie.
L’heure me presse, il est temps de partir,
     Et rien ne m’en peut divertir.

     Tous ces vents, qui soufflaient si fort,
          Retiennent leurs haleines ;
     Il ne pleut plus, la foudre dort,
          On n’oit que les fontaines