Page:Saint-Saëns - Rimes familières.djvu/112

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Et contre ce temps qui le tue
L’Homme en vain lutte et s’évertue,
Quand, bronze ou marbre, la statue
Immobile, impassible, voit

De son œil fixe et sans prunelle
Passer les siècles devant elle
Et s’avancer l’ombre éternelle
Qui sur le passé toujours croît.

Tristes autels où se consume
Un reste de tison qui fume,
Enfoncez-vous dans cette brume
Où le soleil ne luira plus !

Les dieux meurent : leurs temples vides
Sont comme ces déserts arides
Où frissonnaient jadis les rides
Des grands océans disparus ;