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POÉSIES


Ô coule, coule, onde nouvelle,
Suis mollement ton cours vermeil !
Peux-tu jamais couler plus belle
Que sous la grotte maternelle,
Aux premiers rayons du soleil ?

Que j’aime ce front sans nuage,
Qu’arrose un plus frais coloris !
Bel enfant, quel charmant présage
Parmi les fleurs de ton visage
Fait soudain éclore un souris ?

Dans la vie encore ignorée
As-tu cru voir un bonheur pur ?
Un Ange te l’a-t-il montrée
Brillante, sereine, azurée,
À travers ses ailes d’azur ?

Ou quelque bonne fée Urgèle,
Promettant palais et trésor
Au filleul mis sous sa tutelle,
Pour te promener t’aurait-elle
Ravi sur son nuage d’or ?

Mais le soleil suit sa carrière,
Et voilà qu’un rayon lancé
De l’enfant perce la paupière ;
Ses yeux s’ouvrent à la lumière ;
Il pleure… le songe est passé !