Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/145

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jour près de vous une multitude d’hommes de toutes les classes, de tous les âges, et de tous les ordres. Leur affluence est le présage de ce que vous trouverez de crédit et de partisans dans les comices. Trois sortes de personnes la composent : les clients qui viennent vous saluer chez vous ; ceux qui vous conduisent au forum ; et ceux qui vous suivent partout. Aux premiers, qui prodiguent leur hommage à plus de monde, et qui, grâce à l’usage établi, sont les plus nombreux, montrez que vous attachez un grand prix à cette légère marque de considération ; prouvez à tous ceux qui viennent chez vous, que vous les remarquez ; témoignez-le à leurs amis, qui doivent le leur redire ; dites-le fréquemment à eux-mêmes. Souvent ainsi les hommes qui vont saluer plusieurs compétiteurs, s’ils en distinguent un plus attentif à leurs soins, se livrent à celui-là et abandonnent les autres ; et insensiblement, à leur hommage banal et peu sincère, succède, pour servir votre demande, un zèle exclusif et inébranlable. Si vous découvrez, ou si l’on vous fait apercevoir dans les promesses d’un client l’intention de vous tromper, ayez grand soin de dissimuler que vous le sachiez ou qu’on vous l’ait dit. Si quelqu’un veut se justifier, comme craignant de vous être suspect, affirmez que vous n’avez jamais eu, que vous ne devez point avoir de doute sur son affection ; car jamais celui qui se croit soupçonné par vous, ne vous sera sincèrement attaché. N’en cherchez pas moins à pénétrer les intentions réelles de chaque individu, afin d’y proportionner votre