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LIV. I. SATIRE IX.

SATIRE IX.


De quelque bagatelle occupé gravement,
Un jour, hors de nos murs j’allais nonchalamment,
Sans songer où j’allais, comme c’est mon usage.
Un quidam (j’ignorais le nom du personnage)
Accourt, et sans façon, dans mes bras se jetant :
Comment vous va, mon cher ? — Assez bien, pour l’instant,
Et que puisse le ciel vous être aussi prospère !
Je m’esquive : il me suit. — Auriez-vous quelque affaire
À me communiquer ? — Aucune, Dieu merci :
Mais remettez moi donc : je fais des vers aussi.
— Vraiment ! Tant mieux pour vous. Cependant en ma tête
Je minutais sans bruit une retraite honnête ;
Tantôt ralentissant, tantôt doublant le pas,
Tantôt à mon esclave exprès parlant tout bas ;
J’en étais en sueur. Oh ! pour le faire taire,
Que n’ai-je, Bollanus, ton brusque caractère,
Disais-je entre mes dents ! Comme il restait toujours,
Qu’il me vantait les champs, m’exaltait les faubourgs,