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ont acquis un caractère brutal et emporté, ils arrivent à prendre en haine tous les hommes indifféremment. En pareille circonstance, il est plus difficile de maîtriser les élèves ; mais il ne faut jamais désespérer, car, tôt ou tard, on parvient à triompher de leur caractère vicieux. Aucun poulain ne deviendrait méchant s’il était dans les mains de personnes intelligentes ; si le hasard fait qu’on en rencontre quelqu’un, c’est toujours chez des propriétaires qui, peu familiarisés avec le cheval, veulent, néanmoins, se livrer eux-mêmes à leur éducation. En résumé, il faut, pour l’éducation des poulains, beaucoup de patience, d’adresse et de sang-froid.

Le dressage des élèves n’a pas seulement pour but de modifier leur caractère, en les rendant maniables et paisibles ; il a une importance bien plus considérable ; bien dirigé, il devient une espèce de gymnastique propre à augmenter les forces et l’énergie en général. À son aide, on parvient même à donner à certaines parties le volume, les proportions et en même temps à les relever de leur faiblesse relative.

Nos éleveurs ne sont pas assez pénétrés du désavantage qu’ils trouveraient à présenter à la vente des animaux sans aucune éducation, alors même qu’ils auraient été bien dirigés sous les autres rapports.

La maladresse des poulains, le décousu, le raccourci de leurs allures, leurs défenses, impressionnent désagréablement l’acheteur et le disposent peu à donner d’un poulain, bon d’ailleurs, ce qu’il vaut en réalité. À plus forte raison si le sujet, sans aucun élément de dressage, a été élevé au repos absolu. Ses sabots, en général serrés ou cerclés, ses membres grêles, sans souplesse, un air hagard, des tissus mollasses et souvent chargés de graisse, tout cela refroidit singulièrement le connaisseur et le fait ordinairement renoncer à l’achat.