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LA PARFAITE CONNOISSANCE

vent, pour quelque tems, de jetter ; c’eſt-à-dire, pendant que le Playe eſt ouvert ; mais elle n’eſt pas ſi tôt fermée qu’il rejette de nouveau & plus qu’auparavant : Il ſe forme de nouvelles Glandes qui m’ont donné occaſion de déglander un Cheval juſques à trois fois, & pour tout fruit de mes peinez, j’en ai été pour ma depenſe. C’eſt pourquoi on ne doit point s’entêter à écouter ceux qui pretendent avoir un Reméde pour guérir la Morve. Il y a pourtant quelque fois des Chevaux qui ſe trouvent glandez par une Morfondure, & l’on a ſouvent de la peine à faire la difference de la Morfondure d’avec la Morve. Ce qui que pluſieurs aiant guéri la Morfondure ; pretendent avoir guéri la Morve. Si on ne trouve pas le moyen de gaire groſſir cette Glande pour la pouvoir faire venir à Matiére, dans l’eſpace d’un mois, ou ſix semaines, par de bons Remédes, il eſt inutile de faire davantage de depenſe.

MORVE EPINEUSE.


CEtte Maladie eſt contagieuſe également que la précedente, avec cette difference quelle jette une pourriture verte & puante, qui s’attache auſſi au bas des Narrines. Il y a des Chevaux à qui il ne paroit aucunes Glandes, dans cette Maladie ; à d’autres une ſeulement, ſous la Ganache, quoi qu’elle ne ſoit point attachée aux Os. Les Chevaux boivent & mangent auſſi bien que s’ils n’étoient point Malades ; cependant ils deviennent maigres peu à peu ; les Poils ſe redreſſent & ſont tous hériſſez, malgré le panſement qu’on y peut faire, & s’ils continuent à jetter cette pourriture pendant un mois, ou ſix ſemaines, la Glande reſtant toujours dans le même état, dure & ſenſible au maniment de la main, il eſt inutile de faire de la depenſe, non plus pour celle-ci que pour la precedente & pour celle qui ſuit.

MORVE CHANCREUSE.


MOrſque l’on voit un Cheval qui jette une pourriture jaune entremêlée de ſang, qui ſort des Tendons, qui ſont au haut des Narrines, glandé ou non, cette Matière ſort des Poulmons ulcerez : elle eſt ſi acre et ſi mordicante qu’elle engendre des Chancres au haut du Nez, c’eſt ce qui fait que le ſang ſe mêle avec cette Matière. Si le Poulmon n’étoit point attaqué, les Chancres pouroient ſe guérir, par le moyen des Remedes avec la barbe d’une plume ; mais les Poulmons étant attaquez, il eſt impoſſible de guerir. Il n’en eſt pas de même, ſans comparaiſon, aux perſonnes, à qui on peut prolonger la vie, moyennant qu’elles vivent de regime, ne devant faire aucune fatigue rude ; pour le Cheval, qui n’eſt bon qu’autant qu’il peut ſoûtenir le travail ; il eſt inutile de prolonger ſa Vie, puiſqu’il peut gâter les autres & n’eſt propre à aucun ſervice.

MEDECINE POUR TOUTES SORTES DES CHEVAUX QUI JETTENT.


PRenez une demie livre de Savon noir pour un Cheval fort & robuſte ; ſix Onces pour un qui l’eſt moins ; & un quarteron s’il eſt foible. Délayez-le petit à petit dans une chophine d’Eau chaude ; lorſque le Savon ſera diſſous, vous y ajoûterez autant de Vin, & le ferez prendre tous les Matins au Cheval, pendant neuf jours. Il faut que le Cheval ſoit au Filet 5 à

6. heu-