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Y a-t-il échange d'a et d'e dans le gréco-italique ?

§ 5. Équivalence de l'a grec et Va italique.

Dans le paragraphe précédent nous avons parlé de l'a grec et de l'a italique comme étant une seule et même chose, et il est re- connu en effet qu'ils s'équivalent dans la plupart des cas. L'énu- mération des exemples qui suit, et qui a été faite aussi complète que possible^ est en grande partie la reproduction de la première des listes de M. Curtius {Sitzungsberichfe etc., p. 31). Il était indis- pensable de mettre ces matériaux sous les yeux du lecteur quand ce n'etît été que pour bien marquer les limites où cesse en grec le domaine des liquides et nasales sonantes, en rappelant que l'alpha n'est point nécessairement une voyelle anaptyctique d'origine secondaire.

D'autre part le mémoire cité contient deux listes d'exemples avec le résultat desquelles notre théorie paraît être en contradiction. La première de ces listes consigne les cas où un a grec se trouve opposé à un e latin ; la seconde donne les mots où au contraire Ve grec répond à l'a latin. Or un tel échange d'e et d'à, qui peut s'accorder plus ou moins avec le scindement d'un a unique, est à peu près incompatible avec l'hypothèse des deux phonèmes a et a^ dif- férents dès l'origine. Mais, aux yeux de celui-là qui accepte la théorie des nasales sonantes, le nombre des cas de la première espèce se réduira déjà considérablement : il supprimera éKaxôv — cen- tum, baCvç — densus, irax^ç — pinguis etc. En y regardant de plus près, en tenant compte de toutes les rectifications motivées par les travaux récents, on arrivera à un résidu absolument insignifiant, résidu dont presque aucune loi d'équivalence phonétique n'est exempte. Nous pouvons nous dispenser de faire cela tout au long. Un ou deux exemples suffiront. Kpéaç — caro: M. Bréal a montré {Mém. Soc. Ling. II 380) que ces deux mots ne sont point parents. Méyaç — magnus: la racine n'est point la même, comme nous le ver- rons plus bas. KeqpaXn — caput: le cp du grec continue à rendre ce rapprochement improbable. Téacrapeç — quattuor: les plus proches sœurs de la langue latine montrent l'e: ombr. petur, osq. peiora; quattuor est sans doute une altération de *quotiuor pour '^'quetinor (cf. colo = *quelo etc.). BacTTdZluj — geste (Fick): leur identité n'est pas convaincante, car on attendrait du moins *{g)vesio] gesto et gero sont bien plutôt parents du gr. d-Toatôç^ «paume de la main» dont \'o

1. Egal lui-même au skr. hàsta. Le zend zaçta montre que la gutturale initiale est palatale, non vélaire. C'est un cas à ajouter à la série : hùnu — y^vuç, ahâm — i.-\^, niahânt — M^TOÇ? i^^» — T^ i^/d — Kopbia).

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