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tragedie.

Apres mille embarras d’eſpeces mal formées,
Que la chaleur vitalle entretient de fumées,
Ie ne ſçay quoy de bleſme & qui marchoit vers moy,
A crié par trois fois, Ceſar, prends garde à toy.
Un grand bruict außi-toſt m’a fait tourner viſage,
Et i’ay veû de Ceſar la paliſſante Image,
Qui couroit hors d’haleine en me tendant les bras,
Oüy Ceſar, ie t’ay veû menacé du treſpas.
Mais comme à ton ſecours ie vollois, ce me ſemble,
Nombre de meurtriers qui couroient tous enſemble,
T’ont percé ſur mon ſein, Brutus les conduiſoit,
Qui loing de s’eſtonner du grand coup qu’il oſoit,
Sur ſon Thrône, a-t’il dit, herißé d’halebardes,
Ie veux, le maſſacrant au milieu de ſes Gardes,
Voir couler par ruiſſeaux de ſon cœur expirant
Tout le ſang corrompu dont ſe forme un Tyran.
I’en eſtois là Seigneur, quand tu m’as entenduë.

Tibere

La reſponſe eſt d’eſprit & n’eſt pas mal conceuë.

Agrippine

Hà, Ceſar, il n’eſt plus d’azyle en ta maiſon,
Quoy ! tu tiens pour ſuſpects de fer & de poiſon
Iuſques à tes parens, avec qui la nature
T’attache par des nœuds d’immortelle tiſſure ;