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agrippine


Scène IV

Seianus, Livilla.
Livilla

Si le ſort ne veut pas que ie meure d’amour,
Ny que ſans voſtre aveu ie ſois privé du iour,
Du moins ie vous diray iuſqu’au ſoupir extréme,
Voyez mourir d’amour Sejanus qui vous ayme :
Mais toy me haïs-tu, laſche, autant que ie te hays,
Et que veut ma fureur te hayr deſormais ?
Tu l’as priſe pour moy, cette aymable Princeſſe,
Tu penſois me parler & me faire careſſe :
Comme ie ſuis pour toy de fort mauvaiſe humeur,
Tu prenois des leçons à fléchir ma rigueur ;
Ingrat tu punis bien ce que fit mon courage,
Quand ie ſacrifiay mon Eſpoux à ta rage.
Eſt-ce trop peu de choſe, & pour te meriter,
À des crimes plus grands faut-il encor monter ?
I’ay tué mes Neveux, i’ay fait perir mon Frere,
Et ie ſuis ſur le poinct d’égorger mon Beaupere :
Du creux de ton neant ſors, Sejanus, & voy
Le Thrône où mes forfaits t’ont eſlevé ſans toy ?