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tragedie.


Livilla

Moy femme de ton fils, moy fille de ton frere,
I’allois te poignarder, toy mon Oncle & mon Pere,
Par cent crimes, en un me donner le renom
De commettre un forfait qui n’eut point eu de nom ;
Moy ta niepce, ta bru, ta couſine, ta fille,
Moy qu’attachent par tout les nœuds de ta famille,
Ie menois en triomphe à ce coup inhumain,
Chacun de tes parens t’eſgorger par ma main ;
Ie voulois prophaner du coup de ma vengeance
Tous les degrez du ſang, & ceux de l’alliance,
Violer dans ton ſein la nature & la loy :
Moy ſeule revolter tout ton ſang contre toy ;
Et monſtrer qu’un Tyran dans ſa propre famille,
Peut trouver un Bourreau, quoy qu’il n’ait qu’une fille,
I’ay tué mon Epoux ; mais i’euſſe encor fait pis,
Afin de n’eſtre plus la femme de ton fils.
Car i’avois dans ma couche à ton fils donné place,
Pour eſtre en mes Enfans maiſtreſſe de ta race,
Et pouvoir à mon gré reſpandre tout ton ſang,
Lorsqu’il ſeroit contraint de paſſer par mon flanc :
Si ie t’ay découvert la revolte ſecrette,
Dont ce couple maudit complottoit ta défaite ;