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agrippine

C’eſt que mon cœur ialoux de leurs contentemens,
N’a peu que par le fer des-unir ces Amans ;
Et dans mon deſeſpoir ſi ie m’accuſe encore,
C’eſt pour ſuivre au tombeau, Sejanus que i’adore ;
Oze donc, oze donc quelque choſe de grand,
Ie brûle de mourir par les mains d’un Tyran.

Tibere

Ouy, tu mourras Perfide ; Et quoy que ie t’immolle,
Pour punir ta fureur, ie te tiendray parole ;
Tu verras ſon ſupplice, il accroiſtra ton deüil ;
Tes regards eſtonnez le ſuivront au cercueil :
Il faut que par tes yeux ſon deſaſtre te tuë,
Et que toute ſa mort ſe loge dans ta veuë :
Obſervez-là, Soldats, faites garde en ces lieux ;
Et pendant les tranſports de leurs triſtes adieux,
Qu’on la traiſne à la mort, afin que ſa tendreſſe
Ne pouvant s’aſſouvir, augmente ſa triſteſſe.