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L’HOMME QUI A RÉUSSI






Tenue de soirée. — Il entre en s’éventant avec son chapeau en galette.


Elle est ravissante cette baronne, mais elle est fatigante. J’ai beau crier partout que je ne sais pas valser, je ne sais pas ce qu’elles ont toutes, ces dames ; elles ont si bien arrangé les choses, que tout à l’heure il va falloir recommencer avec la marquise. Oh ! les femmes, c’est charmant, mais ça n’a pas de suite dans les idées.

Mais comment faire pour ne pas valser ? moi qui suis attaché d’ambassade, attaché de première classe depuis ce matin. Moi, la valse ça me secoue, ça me détourne, j’y perds le fil de mon idée.

Enfin nous sommes seuls, je vais pouvoir causer. Je suis né au Mans, mais je n’ai pas été élevé au Mans ; c’est dans un petit endroit des environs du Mans que j’ai été élevé, j’apprenais les écritures chez la directrice des postes. Mon père la connaît, elle avait des petites réceptions, le samedi, vous savez le loto, l’eau chaude.

Eh bien, c’est là-dedans que j’ai commencé à avoir de l’ambition.

Le dimanche, dans l’après-midi, j’allais à l’hôtel du Commerce pour me remettre, pour entendre causer, pour avoir des nouvelles. Il y avait un cuisinier habillé en blanc, qui s’appelait Martin. Il m’avait pris en amitié ce Martin, il trou-