Page:Schelle - Le Docteur Quesnay.djvu/143

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une chambre avec le roi, je pense : Voilà un homme qui peut me faire couper la tête ? Mais la justice et la bonté du roi ? — Cela est bon pour le raisonnement ; le sentiment est plus prompt et il m’inspire de la crainte avant que je ne me sois dit tout ce qui est propre à l’écarter. »

Les dangers que Quesnay signalait plaisamment n’étaient pas tout à fait chimériques. Les lettres anonymes qui venaient en masse à la Cour jetaient partout la suspicion.

Mme du Hausset se mit un jour « aux genoux » de Marigny pour qu’il lui laissât copier et montrer à Quesnay une de ces lettres, où il était écrit au roi en recopiant Mirabeau :

« Vos finances sont dans le plus grand embarras ; l’esprit patriotique soutenait les anciens États ; l’argent en tient lieu, il devient le moteur universel et vous en manquez. »

La lettre parlait ensuite de l’inertie du roi, de l’incapacité des ministres depuis le renvoi de Machault et de d’Argenson, de la corruption des Parlements, des encyclopédistes et aussi des économistes — c’est-à-dire de Quesnay — qui avaient pour but la liberté poli-