Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de connaître sa vie, elle mit six semaines à l’écrire, elle escamote la date de sa naissance et dit simplement : « La Damoiselle de Gournay Marie de Jars nasquit à Paris, de Guillaume de Jars et Jeanne de Hacqueville, aisnée de tous leurs enfans. » Marie insiste sur la noblesse de ses parents, sur l’honorabilité de leurs familles, sur le nombre et la qualité de leurs alliances et sur leur catholicisme. Le père mourut jeune. Il laissa sa veuve et six enfants dans une situation de fortune médiocre, qui fut sans doute la raison de leur retraite à Gournay en Picardie.

L’enfance de Marie fut studieuse et contrariée. La mère « aportoit de l’aversion » au goût très vif de sa fille pour l’étude. « A des heures pour la pluspart desrobees, nous dit celle-ci dans son autobiographie, elle aprit les Lettres seule, et mesme le Latin sans Grammaire et sans ayde, confrontant les livres de cette Langue Traduicts en François, contre leurs originaux. » Privée, par le séjour à la campagne « d’enseignement et de conference » elle trouva cependant quelqu’un qui lui montra la grammaire grecque. « Elle en aprit en peu de temps la Langue à peu pres, puis la negligea trouvant le but de sa perfection plus esloigné qu’on ne luy figuroit d’arrivée. »

Dès cette époque Marie avait sans doute d’elle-même l’opinion favorable qu’elle en garda toute sa vie et le portrait qu’elle nous donne de sa personne, à cinquante ans, doit avoir été fait de mémoire plus que d’après nature. Le voici : « Elle est née la taille mediocre et bien faicte, le teint clair brun, le poil