Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/42

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Sales, méditait ses œuvres et lui écrivait. Elle louait aussi la charité et l’abnégation des Pères de la Compagnie de Jésus. Marie intitule « Advis à quelques gens d’église » une dissertation où elle rappelle aux prêtres leurs devoirs ; les pratiques d’humilité et de continence doivent chasser la sensualité et la vanité qui triomphent trop souvent dans l’Église. La confession n’est plus ce qu’elle doit être. Il faut qu’on s’efforce de lui rendre sa véritable signification et qu’elle soit un instrument de purification et non une excuse et comme un encouragement au péché.

Dans un opuscule fort rare qui a pour titre « Adieu de l’ame du roy de France et de Navarre Henry le Grand à la Royne », Mademoiselle de Gournay, très émue, défend avec chaleur les Jésuites qu’on a voulu rendre responsables de l’odieux régicide. Son zèle pour le salut des âmes éclate dans ces lignes : « Le commun du monde, dit-elle, fait à son advis le subtil, d’aller discourant sur ce, qu’outre la capacité naguère mentionnée des Jesuites, qui chatouille tant ces soupçons, il voïd ces esprits actifs, afferez et fervens et qu’on rencontre par tout et parmy toutes sortes de personnes, basses et hautes. Il void bien que leur mestier, qui se nomme Le salut de nos ames, les doibt porter en autant de lieux qu’elles se trouvent : mais il ne peut pas neantmoins croire qu’ils prennent tant de fatigue à se mesler avec elles, pour la seule charité de les sauver. Trouvant cette vertu là morte en luy-mesme, il faut qu’il devine, que l’avarice ou l’ambition pousse ces